C. Julier u.a.: Les Maye de Chamoson

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Titel
Les Maye de Chamoson. Généalogie de 1600 à nos jours


Autor(en)
Julier, Charles; Dominique, Maye
Erschienen
Sierre 2013: Editions à la Carte
Anzahl Seiten
329 S.
Preis
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Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Luc Weibel

Etablir la généalogie de sa propre famille, c’est une entreprise de longue haleine quand on se propose – dans un terroir comme celui de Chamoson, commune du Bas-Valais située entre Sion et Martigny, d’identifier plus 1200 personnages portant tous le nom de Maye. Avec l’aide de l’archiviste Gérard Panisset, Dominique Maye a patiemment dépouillé registres paroissiaux et actes notariés, pour établir un surprenant document: une «tapisserie» de près de deux mètres de longueur, qu’on pourrait qualifier de merveille d’art brut, si elle n’était d’abord la base de 70 pages de «Généalogies» où les porteurs du nom de Maye – et leurs descendants pourront retrouver le nom de leurs ancêtres.

L’un de ces descendants, Charles Julier – dont la famille avait émigré à Genève –, a voulu compléter ce répertoire à sa manière. Se rendant sur les lieux avec son cousin Dominique Maye, il s’est livré à une exploration qui présente un double caractère: familial – il s’agit de rencontrer les parents restés au pays – et ethnographique: la parole des habitants du village va permettre d’écrire la chronique de la région.

Au début du XXe siècle, Chamoson est une commune rurale dont les activités sont diversifiées. L’agriculture et l’élevage y voisinent avec une mine de fer dont il reste quelques traces. Mais la viticulture se développe au point de devenir majoritaire: aujourd’hui la commune compte 427 hectares de vigne, répartis entre 1120 propriétaires. Certains exploitants commercialisent eux-mêmes leur production, créant des maisons comme celle des Fils Maye à Riddes, qui connaîtront des périodes de prospérité.

Mais attention: la prospérité n’est pas toujurs au rendez-vous. Il y eut des crises, dans les années 1920 et 1930 – certaines familles sont ruinées. Interrogeant leurs membres survivants, Charles Julier et Dominique Maye tentent d’élucider les mécomptes de leur grand-père, Joseph Maye (1878–1971), obligé de vendre sa maison et ses terres.

Ce grand-père n’était pas que propriétaire. C’était aussi l’instituteur du village. C’est l’occasion pour nos auteurs de décrire tout un volet – culturel – de la vie de cette communauté villageoise. La musique y joue un rôle important, illustré par la présence de «chorales» et de «fanfares», qui pouvaient avoir une coloration politique. Comme d’autres en Valais, cette région a connu la lutte sans merci des «gripious» (radicaux) et des «ristoux» (conservateurs catholiques).

Parmi les notables locaux, l’écriture n’était pas négligée. Plusieurs d’entre eux ont laissé des textes intéressants, comme Frédéric Gaillard, président de la commune, qui en 1872 rédige une histoire du village, et fournit la liste des principales familles. Plus étonnant, le cas de Cyprien Maye (1772–1866), herboriste et propriétaire, qui eut à coeur de rédiger une sorte d’inventaires des plantes médicinales de la région. Un autre personnage, Alexandre Dumaye, se borne à recopier des pages du code civil. Mais son destin est digne d’être mentionné: outre que son portrait figure au Musée de Valère, à Sion, il fit une brillante carrière militaire dans les armées de Napoléon.

Dans leurs déambulations d’une maison à l’autre, nos enquêteurs précisent des points de topographie, et découvrent un fragment de poêle portant les armoiries de la famille (elles font partie de l’abondante illustration en couleurs du livre). Leurs témoins – souvent des femmes – se révèlent des informateurs infatigables. La chronique familiale montre que comme d’autres communes valaisannes, Chamoson n’a jamais vécu en vase clos. Elle a connu des vagues anciennes d’immigration (surtout piémontaise). Au XXe siècle, l’émigration est importante. Toute une branche des Maye s’établit au Maroc, au sud de Casablanca, et y pratique l’agriculture. Les retours au pays permettent de comparer les genres de vie. Celui de Chamoson, jusqu’au milieu du XXe siècle, est évoqué d’une façon saisissante par Pierrot Burrin, qui vit aujourd’hui retiré à Genève. Au gré des activités les plus variées – apprenti boulanger puis «commandié» (terme patois désignant celui qui règle la répartition de l’eau sur les terres), il acquiert une vision singulièrement riche de la vie locale, caractérisée par l’existence de familles nombreuses, de logements exigus, d’enfants rapidement mis au travail.

Dans leurs transcriptions d’entretiens, les auteurs ont eu à coeur de restituer le climat des rencontres, la qualité d’un langage qui se souvient de toute une tradition de récits oraux. Partis en quête de leurs racines, soucieux de rendre justice à une communauté villageoise d’un Valais moins connu que celui des vallées alpines, ils ont su mettre en scène les multiples relais de la mémoire que connaissaient les sociétés anciennes.

Zitierweise:
Luc Weibel: Rezension zu: Charles Julier, Dominique Maye, Les Maye de Chamoson. Généalogie de 1600 à nos jours. La Maison perdue, Sierre: Editions à la Carte, 2013. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte Vol. 64 Nr. 2, 2014, S. 354-355.

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Zuerst veröffentlicht in

Schweizerische Zeitschrift für Geschichte Vol. 64 Nr. 2, 2014, S. 354-355.

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